Prairial·es aborde les Prairies canadiennes comme un territoire traversé par des relations complexes : humaines, écologiques, historiques. Porté par une réflexion critique sur l’héritage colonial, le recueil interroge les liens entre dépendances industrielles, savoirs ancestraux et transmission. À travers cette trame se dessine une manière d’habiter un lieu sans le posséder.
Le recueil se déploie en quatre mouvements : une exploration du territoire à travers la famille et les tensions de l’héritage ; des voyages routiers entre Edmonton, Regina, Winnipeg et Meadow Lake ; une plongée dans les expériences qui façonnent ces lieux ; et des poèmes adressés à celles et ceux qui ont permis à l’auteur de percevoir la prairie autrement.
Entre lucidité et ouverture, Jérôme Melançon offre une poésie profondément dialogique, qui esquisse les contours d’un monde plus juste – à construire dans et par la relation.

Ici, oui ici sur cette terre qui n’a guère
les racines pour se tenir quand le vent l’érode
les rhizomes pour s’avertir, se dresser vertical·es
depuis que les gens croient être des souches,
s’enracinent par la bouche, avalent, déglutissent
et baquewachent leur bile là où coulait la sève