Roger Bernard ne craint pas, avec son essai De Québécois à Ontarois, de révoquer en doute certains dogmes auxquels souscrivent les promoteurs de la société franco-ontarienne. Ainsi, écrit-il, «le défi à relever est de savoir ce que sont devenus ces Québécois qui s’installent en Ontario depuis plus d’un siècle. Forment-ils un groupe ethnique? Sont-ils différents des Québécois? Comment s’effectue le passage de Canadiens français à Franco-Ontariens, de Franco-Ontariens à Ontarois? Quelles sont leurs chances de survie?». Cette dernière question prend tout son sens, mesurée à l’aune d’un commentaire aussi laconique que saisissant de l’ancien Premier ministre du Québec, René Lévesque, qui, quelques années avant sa mort, déclarait que les francophones hors Québec sont des «dead ducks».
Déployant une armature conceptuelle qui s’inspire aussi bien des sociologies européenne (Bourdieu, Touraine et Weber), américaine (Gordon, Barth) que canadienne (Breton, Juteau), alliée à une profonde connaissance de la société franco-ontarienne, Roger Bernard analyse les enjeux auxquels celle-ci est confrontée.
De Québécois à Ontarois demeure un ouvrage essentiel pour quiconque veut comprendre la société franco-ontarienne dont Roger Bernard est l’un des analystes les plus éclairés.