Quel est notre rapport à la fin de vie? Comment la perte et le deuil influencent-ils ce que l’on devient?
Dans Mes morts jeune, Sylvie Bérard explore la mémoire et le deuil à travers une série de portraits d’êtres chers disparus, qu’elle insère dans une évocation de sa relation avec un ami récemment décédé. Posant d’emblée la question «À quel âge meurt-on jeune?», l’autrice aborde un sujet devenu tabou dans les sociétés occidentales, qui imposent une date de péremption à nos deuils. Elle engage une réflexion méditative sur la manière dont les personnes qui nous quittent marquent nos trajectoires.
Cet essai autofictionnel n’est pas seulement un ouvrage sur la perte; c’est une ode à la mémoire, à l’attachement et à la quête de sens face à l’éphémère.

Chaque fois, mon premier réflexe a été de chercher les mots des autres lorsqu’iels m’ont quittée – jusqu’aux cahiers de sténographie de ma mère auxquels je ne comprends rien, jusqu’à la signature hésitante de mon grand-père. J’ai toujours ressenti par ailleurs le besoin de retenir l’image de mes proches par les mots, de les photographier dans mon écriture, afin, sûrement, de prolonger leur présence ou, peut-être, de m’assurer que je note tout d’eux tandis que ma mémoire est encore fraîche. Faute de pouvoir désormais écrire à quelqu’un, en quelque sorte, j’écris quelqu’un.