Historique

Au début des années 1970, un groupe de jeunes Franco-Ontariens se retrouve à l’Université Laurentienne. Ils ont pour nom Robert Paquette, Pierre Germain, Pierre Bélanger, Claude Belcourt, François Lemieux, André Paiement, Denis Saint-Jules, Gaston Tremblay, pour ne nommer que ceux-là. Ils sont artistes, musiciens, comédiens, écrivains, éditeurs et administrateurs… en herbe. Ils ont soif de culture, qu’elle soit franco-ontarienne et à créer, ou américaine et contre-culturelle.

Au sein du groupe, des liens fraternels et dynamiques se nouent. Ils font front commun contre ce qu’ils perçoivent comme un enseignement littéraire trop axé sur la France et sans engagement dans son milieu, ou encore l’idéologie universitaire élitiste et conservatrice qui régnait à la Laurentienne. Dans le manifeste Molière go home, ils revendiquent un enseignement adapté à leur réalité, enrichi d’écrits propres à leur communauté, cet Ontario français fait de mineurs, de bûcherons, de fermiers, d’ouvriers. Ils n’ont pas froid aux yeux.

Ainsi naît le Grand Cano. Sa voix lance l’appel à un mouvement révolutionnaire identitaire. Le nord de l’Ontario français est rebaptisé « Nouvel-Ontario ». Ses membres investissent le journal étudiant, organisent à l’issue du colloque Franco-Parole la première Nuit sur l’étang, créent de toutes pièces des happenings et des spectacles de théâtre, pour lesquels ils assurent tous les rôles en s’improvisant tous les savoirs. Ils donnent ainsi naissance au Théâtre du Nouvel-Ontario.

Gaston Tremblay, Denis St-Jules et Jean Lalonde mettent sur pied un club littéraire et invitent le professeur de littérature Fernand Dorais à l’animer. Au fil des rencontres, l’idée de fonder une maison d’édition est lancée et fait son chemin dans l’esprit de ces jeunes créateurs. Avec l’aide d’un autre professeur, Robert Dickson, ils se rendent à Montréal rencontrer Gaston Miron, poète et cofondateur des Éditions de l’Hexagone, auprès de qui ils s’informent des modalités de la création d’une maison d’édition. Profondément inspirés par cette rencontre, ils rentrent à Sudbury se consacrer à la publication d’un premier recueil, une oeuvre collective, qui donnera en même temps naissance à une maison d’édition.

Le 5 mai 1973, le premier jalon de ce qui deviendra Prise de parole est posé avec la parution de Lignes Signes, qui rassemble des textes de Jean Lalonde, de Placide Gaboury, de Denis Saint-Jules et de Gaston Tremblay. Le lancement a lieu dans le cadre d’une assemblée annuelle de l’ACFO provinciale. Le journal Réaction, le comité des Affaires étudiantes, le département des relations publiques et Hugues Albert, alors vice-recteur de l’Université, appuient le projet. L’aventure Prise de parole est lancée.