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Alex Tétreault, lauréat du Prix Émergence 2025

Alex Tétreault a remporté le Prix Émergence 2025 pour sa pièce Nickel City Fifs : Une épopée queer sudburoise sur fond de trous.

Le commentaire du jury : «Dans cette œuvre théâtrale héritière de Desbiens et de Dalpé, Sainte Poésie, diva céleste à talons hauts ou à bottes Doc Martens renforcées, selon l’occasion, bénit les marginaux à coups de verbe et de vodka et donne des leçons de queeritude francophone du Moyen-Nord avec humour et amour. Un bijou du théâtre contemporain, dont les thèmes et la langue colorée se retrouvent jusque dans les didascalies, Nickel City Fifs est une lettre d’amour à la fois irrévérencieuse et respectueuse d’Alex Tétreault à la jeunesse 2SLGBTQIA+ et à la communauté sudburoise francophone».

Un discours de réception bien senti

Alex a livré un discours de réception inspiré, que nous retranscrivons ici dans son intégralité :

J’suis sur le cul.

Je ne pense pas que la majorité des artistes pratiquent leur métier pour recevoir des accolades, mais maudit que ça fait du bien quand ça arrive. Je peux dire que je n’ai jamais été aussi ému dans un centre d’achat de toute ma vie.

Créer, en ce moment, est quelque chose qui relève du sport extrême. Ce n’est pas pour dire que ça a toujours été facile de pratiquer de l’art, mais on dirait que, ces jours-ci, il faut être particulièrement masochiste. Je n’ai pas besoin de vous rappeler les conditions difficiles que nous vivons toustes présentement : le manque de financement, la dévalorisation de nos expériences et de nos métiers, l’impérialisme culturel anglo-américain, le manque de financement, l’omniprésence de l’intelligence artificielle et le vol de nos paroles, la fermeture de programmes postsecondaires en arts et humanités, le manque de financement, les politiques d’austérité, la montée du fascisme… Est-ce que j’ai mentionné le manque de financement?

Puis, malgré tout ça, notre milieu persiste. Et toujours plus de jeunes plumes, comme la mienne, cherchent à s’aiguiser, à laisser leur marque, à avoir leur mot à dire dans l’Histoire avec un grand «H» que nous écrivons ensemble.

Ce prix est une reconnaissance de la part de mes pairs, des gens qui en ont vu d’autres, qui ont passé des périodes difficiles aussi et qui continuent d’écrire. C’est la confirmation que, bien que je ne fais que commencer ma carrière, je fais déjà partie d’une communauté. Pour un p’tit bum né d’un cratère de roche noire au beau milieu de butt-fuck nowhere, ça fait vraiment, mais vraiment, chaud au cœur.

Aujourd’hui, je suis surtout heureux et fier que cette chose à laquelle j’ai consacré des années de travail ardu, de crises existentielles et de visites à la LCBO ait réussi en quelque sorte à laisser sa marque. Qu’il y a quelque chose dans ses cent quelques pages qui a touché des gens. Que ce texte dont j’avais tellement besoin dans mon enfance est parti dans l’univers pour donner un tendre câlin à tous ces jeunes queers francophones qui cherchent leur place dans ce monde et dans notre communauté.

Si je peux me permettre une tangente, je suis d’autant plus touché par le fait que cette remise de prix ait lieu dans le cadre du Salon du livre afro-canadien. Cet événement rassemble notre grande francophonie en reflétant sa réalité : sa pluralité, son ouverture sur le monde et ses permutations infinies d’accents et d’expériences. Depuis trop longtemps, je rêve d’une francophonie ontarienne qui met ses acquis, ses droits et sa capacité de revendiquer au profit de causes qui ne sont pas strictement linguistiques. Je rêve d’une communauté solidaire qui efface les barrières avec ses marges. Je rêve d’une franco-ontarie unie qui réclame haut et fort la fin du génocide à Gaza, qui lutte pour la décolonisation de ce vaste territoire que nous occupons, qui s’attaque à toutes les formes d’iniquité et d’injustice présentes dans notre société. J’ai espoir qu’ensemble, nous pouvons y arriver. Et, d’ici là, on continue à écrire, à lire, à créer, à aimer.

En parlant de communauté, ce texte aurait été impossible de le créer seul. J’ai eu l’énorme chance et le privilège d’avoir été entouré de tellement de monde qui ont cru en mon projet et en moi, du monde que je me dois de remercier. Je nomme l’équipe artistique de la pièce, les Éditions Prise de parole, le Théâtre du Nouvel-Ontario, Théâtre Action, la Fondation pour l’avancement du théâtre francophone au Canada, Pat the Dog Theatre Creation, Zigs Bar et la Librairie Panache. Je tiens également à remercier l’AAOF, la Fondation franco-ontarienne, le Fonds Françoise-et-Yvan-Lepage et les membres du jury pour ce coup de pied dans le cul qui m’encourage à continuer.

Je veux aussi féliciter mes cofinalistes, Sébastien et Sherman, qui auraient tout aussi facilement pu se retrouver à ma place ce soir. C’est vraiment tout un honneur de me retrouver parmi eux.

Sur ce, je vous souhaite une bonne continuité du SLAC et, si je peux me permettre une dernière fois avant de me fermer la yeule, j’aimerais terminer avec une petite citation de mon bouquin : «Dans un monde de mouche à marde, sois une tapette!»

Merci!

À propos du prix

Le Prix Émergence est une initiative de l’Association des auteure·s et des auteurs de l’Ontario français (AAOF) rendue possible grâce à la Fondation Françoise-et-Yvan-Lepage. Le prix vise à encourager l’écriture et la publication en français dans la province et à mettre en valeur la richesse et la diversité des voix littéraires émergentes.

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